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— Eh bien, pousse ta monture de telle sorte qu’elle occupe, aussi exactement que possible, la place de l’animal disparu.

Et le chef ayant obéi, Dick se posta en avant du cavalier, choisit à deux cents mètres en arrière un jalon de direction, dans l’espèce, un autre pied de Iei-chin, puis il marcha vers cette plante.

Tout en progressant, ses yeux exploraient minutieusement le sol.

Parvenu aux chardons choisis, il renouvela la même manœuvre.

À plusieurs reprises, il opéra ainsi, s’éloignant du Mongol de près d’un kilomètre. À mesure, que la distance augmentait, son allure se ralentissait. Ses regards exprimaient l’impatience. Pour qui connaissait le jeune homme, il était permis d’affirmer qu’il avait espéré une chose qui ne se produisait pas.

Mais, tout à coup, ses traits s’illuminèrent. Il eut une brève exclamation :

— Enfin !

Sur le sol, trois ornières parallèles, profondes de quelques millimètres à peine, traçaient leur sillon sur une vingtaine de mètres.

Qu’était cela ? Nul ne l’aurait remarqué. Mais probablement Dick cherchait cette trace légère, car il revint vers son compagnon.

— Eh bien ? murmura celui-ci d’un ton soumis, contrastant avec sa superbe de tout à l’heure.

De toute évidence, les allées et venues du jeune homme lui donnaient l’impression des mômeries des sorciers, si en honneur parmi les peuplades primitives. Dick se borna à répondre :

— Je croîs que ce soir nous connaîtrons le complice du voleur, puis par ce dernier, le voleur lui-même.

Et le cher sursautant, voulant des explications, son interlocuteur lui coupa la parole.

— Rentrons au village. Auparavant, un mot encore.

— Le mot sera dit, s’il est en mon pouvoir.

— N’y a-t-il pas aux environs du village un endroit où le piétinement incessant de visiteurs nombreux empêcherait de prêter attention à une empreinte particulière, une source, une fontaine, un lieu d’assemblée par exemple ?

Nos assemblées se tiennent au centre de l’agglomération devant ma yourte principale : mais il existe une source abondante en toute saison, où les femmes vont chercher l’eau nécessaire à nos besoins.