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CHAPITRE III

La Sonnette magique


Les dernières paroles du détective amateur avaient médusé son interlocuteur. Il le considérait avec effarement. Avec la rectitude de jugement d’un homme de la nature, Ghis avait de suite compris la certitude de la déduction ; mais son cerveau fruste, ignorant des lois de la discussion philosophique, ne concevait pas le mécanisme des idées intermédiaires.

Son compagnon lui apparaissait comme un sorcier, commandant à son cerveau de voir les choses invisibles aux autres hommes. Dick ne s’occupait pas de lui. À l’animation de ses traits, on pouvait deviner qu’un groupement de circonstances intéressantes s’opérait sous son crâne, lui donnant un point de départ solide, pour l’enchaînement des faits.

Il releva brusquement la tête.

— Chef, pourrais-tu te souvenir, de la position exacte des dernières traces relevées par toi ?

Le Mongol tressaillit.

— Oui. Mon cheval était cher à mon cœur. J’ai cherché comme on cherche un ami.

— Bien, dis-moi ce que tu as remarqué.

— Selm-Arge s’est arrêté. Ses sabots avaient laissé des empreintes profondes. La tête regardait le nord.

— Te serait-il possible de te placer identiquement de même ?

— Sans hésiter. Tiens, tu vois cette touffe d’Iei-chin (sorte de chardon nain à fleur amaranthe). Les pieds de devant de mon beau coursier la touchaient. C’est là un point de repère qui ne saurait me tromper.