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Et ce fut seulement quand ce dernier déclara avoir fait le meilleur repas de sa vie, que le vieillard lui dit :

— Veux-tu prendre du repos, ou bien consens-tu à m’accompagner pour ce que tu sais ?

Ce à quoi l’Anglais répliqua avec empressement :

— Conduis-moi. Je souhaite vivement te remercier de ton hospitalité.

La figure du Mongol s’épanouit.

— Viens donc et puisses-tu réussir !

Des chevaux sellés attendaient. Le chef et son nouvel ami se mirent en selle et s’éloignèrent à travers les cahutes de l’agglomération.

Au passage, Ghis désigna une yourte spacieuse.

— C’est ici, fit-il d’une voix sourde, que mon cheval bien-aimé était abrité.

Sans un mot Dick se laissa glisser à terre. Il entra dans l’écurie. Mais les serviteurs du chef avaient balayé litière et toutes traces existantes.

Le détective haussa les épaules et se hissant sur sa monture :

— Chef, demanda-t-il, veuille m’indiquer exactement le chemin que tu as suivi jusqu’à l’endroit où la piste de l’animal se perdait.

— Telle était mon intention. Mais je crains que tu ne découvres rien.

— Oh ! les pluies ont tombé depuis. Je ne verrai rien. Seulement la disposition des lieux n’a pas changé, elle, et je reconnaîtrai peut-être de quelle façon et par qui ton cheval a été conduit à l’endroit où une piste s’évanouissait.

— Par qui, dis-tu ? s’exclama le vieillard stupéfait ; les choses te révéleraient le nom du coupable ?

La tendance au merveilleux particulière aux habitants du steppe s’accusait dans cette question.

— Je ne suis pas un Esprit de l’Air, riposta le détective, pour te promettre pareil résultat. Je ne suis qu’un homme qui se sert de ses yeux. Les yourtes, les palissades parleront à ma vue, et je saurai si, parmi les serviteurs, aucun ne t’a trahi.

— Mes serviteurs sont des Mongols, incapables de traîtrise.

— Ne discutons pas, chef. Marchons.

Tous deux reprirent leur route, au pas cadencé de leurs montures, circulant au milieu des yourtes, se livrant à de nombreux détours.

Le ou les voleurs semblaient avoir évité le voisinage immédiat des habitations. Le chemin parcouru par