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Ce sont ceux qui travaillent dans les mines, sous la terre. Ils ont été condamnés à cette dure existence parce qu’ils sont fous… Fous, appuya-t-il, on ne saurait dire autrement. Un ami, digne de foi, car il ne voulait pas me tromper, m’a dit que ces hommes font éclater des machines diaboliques parmi la foule, car ils pensent qu’en tuant tout le monde, ils rendront la vie meilleure.

Cette conception du nihilisme, traduite avec le robuste bon sens d’un barbare, amena un sourire aux lèvres du détective amateur.

— Précisément… ; les forçats, on les nomme également : nihilistes.

— Nihilistes ! s’écria joyeusement le Mongol ! C’est le mot. Je le cherchais sans réussir à m’en souvenir. Oui, oui, mais les nihilistes sont dans le fond de la terre.

— Pas tous. Il en est qui n’ont pas encore été condamnés ; d’autres s’évadent.

Le cavalier inclina la tête.

— Oui, je sais. Parfois nous en recueillons dans le steppe. Ils s’éloignent ensuite vers l’ouest, sans doute leurs yourtes sont de ce côté.

Et, changeant brusquement de ton : 

— Ces nihilistes sont tes ennemis ?

— Juges-en. Ils nous avaient enterrés dans le sol.

— Vous êtes donc des criminels ?

Une défiance soudaine avait durci les traits de l’interlocuteur de Dick. Celui-ci s’empressa de dissiper le nuage. En quelques phrases rapides, il conta l’aventure de Vladivostok, la haine dont les nihilistes l’avaient poursuivi, son enlèvement, son abandon dans le désert.

À mesure qu’il parlait, la face du Mongol s’épanouissait.

— Alors, questionna-t-il brusquement, tu sais trouver les voleurs ?

— J’ai su souvent.

— Prends bien garde à ta réponse. Si tu dis vrai, Ghis sera ton ami, ton frère ; mais si tu me trompais, je ferais tomber ta tête.

Avec son intuition habituelle, Dick comprit qu’une recherche policière allait lui être proposée. Il était dans sa destinée sans doute que toute aventure se résolût suivant ce mode particulier.

Le khan avait besoin de lui, donc protection assurée.