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possible… Les journaux ont chanté vos louanges même en ce coin reculé du monde… Je n’aurai pas la sottise de refuser de vous écouter.

Ce à quoi Dick répondit par un petit hochement de tête satisfait. Évidemment, il ne lui déplaisait pas que sa renommée fût parvenue à Vladivostok.

— Voudrez-vous me permettre quelques questions ? reprit-il paisiblement.

— Autant qu’il vous plaira… Ma bonne volonté à votre égard n’est pas en cause… et sans ces menaces que les gueux ne sont que trop enclins à mettre à exécution…

— Bon, procédons par ordre ! Vous avez peur d’un attentat nihiliste contre votre personne ?

— Peur !… Peur !… bredouilla le fonctionnaire… Ce n’est pas de la peur…

— Oui, enfin, c’est de la crainte, interrompit l’Anglais. Or, cette crainte, vous l’aurez demain comme aujourd’hui…

— Naturellement, ces bandits sont terribles.

— Sauf quand ils sont aux mines du Baïkal ou au pénitencier de Sakhaline.

— Ça, évidemment, consentit M. Milkanowitch dont la face s’éclaira.

— Alors, cher monsieur, conclut Dick, ne vaudrait-il pas mieux risquer quelque chose et les prendre, que ne rien risquer et les laisser libres de poursuivre leurs sinistres exploits ?

Sa demande amena sur les traits du policier un effarement comique.

— Par saint Stanislas Newski, poser le problème, c’est le résoudre… Les prendre, c’est le rêve de tout policier, seulement…

— Seulement, plaisanta Dick Fann, il faut mettre la main dessus… Eh bien, cher monsieur, je pense que ce n’est pas si difficile que vous semblez le supposer.

Une double exclamation ponctua la déclaration du détective. Celui-ci eut un sourire amusé.

— Cela vous étonne, parce que vous n’avez pas réfléchi à la question.

— Pas réfléchi !

Le policier russe répéta ces deux mots d’un air scandalisé.

— Pas réfléchi à l’arrestation des nihilistes !… Mais je ne pense qu’à cela depuis la découverte de cette damnée émission de fausse monnaie… à cela seulement, vous pouvez le croire.