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conter, le soir, à ses amis, l’arrestation de ces étranges voleurs.

Cependant le détective disait aux gendarmes :

— Messieurs, vous faites erreur. Nous sommes des volés et non pas des voleurs.

— Peuh ! tous les coupables commencent par déclarer cela.

— C’est possible, mais nous, nous continuerons, pour la raison toute simple que mon compagnon est un jeune garçon à mon service, et que moi-même je suis Dick Fann, détective anglais.

— Ah !

Les braves militaires se grattèrent la tête, signe d’embarras sous toutes les latitudes.

— Nos papiers vous démontreront la véracité de nos dires, continua Dick paisiblement. Le sous-directeur de la Banque Impériale est témoin qu’il vient de me verser cent trente-cinq mille francs, et la caissière de la Restauration Michel se souviendra évidemment d’avoir rendu cet argentaurum sur un billet de cent roubles que je lui ai remis.

Plusieurs personnes étaient entrées dans le bureau. Elles regardaient, écoutant le détective qui parlait à voix haute, en homme désireux d’être entendu.

— Bon ! grommela un des assistants, on arrêtera toute la ville, car tous nous sommes exposés à avoir de l’argentaurum sur nous… Seulement on ferait peut-être mieux de trouver les faux monnayeurs.

En Sibérie, comme en Europe, le public prend volontiers parti contre la police. Le sous-officier commandant les gendarmes voulut mettre fin à une manifestation hostile.

— Messieurs, dit-il, vos allégations sont faciles à contrôler et, s’il ne dépendait que de moi, je m’empresserais de vous rendre la liberté. Mais j’ai reçu des ordres formels… la fausse monnaie abonde ; c’est la ruine imminente pour le pays et c’est aussi un crime de lèse-patrie, car il frappe directement les finances de l’État. Aussi, dois-je conduire en présence de M. le directeur de la police quiconque met en circulation, sciemment ou non, des monnaies suspectes.

D’un mot, le détective apaisa les inquiétudes du brave gendarme.

— Conduisez-nous donc, mon ami. Loin de nous la pensée de résister. La consigne donnée à un soldat doit être respectée par tous. Quiconque veut lutter contre une consigne est un mauvais citoyen, et de