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toi, ni ta charmante fille ne serez capables d’agir à mon préjudice, sans vous frapper vous-mêmes.

Et, souriant méchamment, il se prit à lire ce qui suit :

« Je, soussigné, reconnais avoir organisé et exécuté le cambriolage mondial des laboratoires de radium. Mon but était la fortune incalculable, féerique, au moyen de la transformation des corindons vulgaires en gemmes précieuses. M. Larmette a percé à jour mes desseins. Il pouvait me perdre, mais il aimait ma fille. J’ai opposé son cœur à sa conscience. Fleuriane l’épousera à son retour à Paris. Pour elle, il me fera grâce. Si, soit par ma volonté, soit par toute autre, l’engagement présent n’était pas tenu, je reconnais que Larmette agirait justement en remettant à la justice l’aveu que je lui confie en gage de mon repentir et de mon désir de réparer.

« Près Khabarovsk, ce 25 mai. »

Les prisonniers du sinistre personnage étaient médusés par l’audace de leur ennemi.

— Mon père ne signera jamais cela  ! s’écria Fleuriane avec hauteur.

— Oh ! jamais, appuya M. Defrance, m’accuser d’un vol, déshonorer mon nom, mon enfant !…

Mais les protestations n’émurent point leur interlocuteur.

— Le seigneur knout est un avocat bien persuasif, plaisanta-t-il. Tu es décidé à résister, estimable Defrance ?

— Tout, plutôt que pareille honte !

— Tout, dis-tu ? Parole vaine. Nous allons bien voir…

Son bras se leva, le knout siffla dans l’air, et ses lanières coupantes s’abattirent sur Fleuriane. Elle eut un cri de douleur. Defrance s’agita sur ses fourrures, tentant vainement de se débarrasser de ses liens.

— Ah  ! misérable  ! misérable  ! rugit-il, désespéré de son impuissance.

Mais, indifférent à l’injure, Larmette grommela lourdement :

— Es-tu prêt à signer ?

— Non, père, non… Laissez-moi périr, mais conservez l’honneur.

Et la pauvre enfant s’évanouit.