Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Larmette était à deux pas de la jeune fille, immobilisée par ses liens.

Il brandissait une chose étrange. On eût crû une chevelure de serpents sifflant dans l’air. M. Defrance regarda mieux. Il reconnut l’instrument de supplice, le terrible knout des cosaques. Oui, c’était ce martinet aux longues et flexibles lanières, terminées par des grains de plomb.

Qu’est-ce que cela voulait dire ? Pourquoi sa fille garrottée ? Pourquoi le knout ? La réponse à ces questions ne se fit pas attendre. Larmette ricana :

— Père, tu vas décider de la vie de ton enfant. Tu la lui as donnée, peut-être te croiras-tu autorisé à la lui reprendre. Mais, avant de t’inviter à choisir, je dois t’informer que, si tu la condamnes, tu lui assureras une torture affreuse. Elle mourra sous le knout.

— Elle, pourquoi ? Comment ? Je ne comprends pas.

— Naturellement, celui qui fait le mal ne comprend jamais.

— Le mal… quel mal ai-je fait ?

Larmette s’abandonna aux éclats d’une gaieté formidable :

— Ce que tu as fait, je vais te le dire. Obéissant aux suggestions d’un ambitieux détective, un amateur, Dick Fann…

— Un noble cœur ! lança Fleuriane d’une voix vibrante.

— Noble cœur si vous voulez, riposta le bandit, noble cœur, mais fou. Car il vous a entraînés dans une aventure dont vous ne pouvez sortir que par la mort ou la soumission à ma volonté.

Puis, scandant les mots, comme pour leur donner plus de force :

— Vous vous êtes jetés à la traverse de mes projets. Sans raison vous avez ébranlé l’édifice que je dressais à la fortune, à la puissance. Vous m’avez attaqué. Je vous veux impuissants contre moi, je vous veux indissolublement rivés à ma vie.

Lentement, il s’avança vers M. Defrance, stupéfié par ce qu’il entendait. 

Il lui plaça sous les yeux un papier, et d’un accent autoritaire :

— Ta main droite est libre, brave homme. Pas assez pour que tu puisses t’en servir contre moi, mais assez pour obéir à mes ordres. Tu vas signer cette feuille. Ensuite je ne te craindrai pas, car ni