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Et le médecin s’en rendait compte une fois de plus.

C’est pendant qu’ils étaient ainsi immobilisés à Port-Clarence, que Dick Fann et Fleuriane avaient poussé jusqu’à la pointe du Prince of Wales.

Et, pensifs, ils considéraient ce détroit de Behring qu’ils eussent déjà franchi sur les glaces, si la dame de compagnie n’avait été atteinte par cette inexplicable maladie.

— Allons, fit la jeune fille au bout d’un instant, malgré mes fourrures je me sens glacée.

— Rentrons en ce cas.

— Ou du moins marchons. Je n’ai point hâte de me retrouver dans l’hôtel où s’éteint cette pauvre femme.

Dick ne répondant pas, elle le regarda. Il semblait avoir oublié sa présence.

— À quoi songez-vous ainsi ? reprit-elle, en appuyant la main sur son bras.

Il tourna vers elle un regard étonné, comme si son esprit revenait de bien loin ; mais, sans hésiter :

— Je songe à cette maladie inconnue. Le docteur Dody est un véritable savant. Il avoue loyalement ne pas comprendre.

— Espérez-vous réussir là où il échoue ?

— Non, non. Je n’ai point d’idée aussi fantasque. Je voulais seulement exprimer le malaise que me cause cette chose inconnue.

— Un malaise, à vous ?

— Oui, à moi-même…, et à cause de vous, Fleuriane.

Touchée de son accent, elle murmura :

— Craignez-vous donc ?…

Il l’interrompit avec un grand geste de colère :

— Oui, je crains… Quoi ? Impossible de le dire. Mais comprenez-moi, comprenez-moi bien. C’est sans doute une résultante de ma vie de détective ; l’inconnu m’apparaît toujours ennemi.

— Alors, la maladie de cette pauvre Patorne… commença-t-elle.

Il l’arrêta encore :

— Non pas la maladie elle-même, mais la cause qui échappe à notre intellect, la cause que M. Dody cherche vainement ; car il cherche. Vous ne le saviez pas ? Il me l’a avoué. Depuis qu’il a été appelé auprès de votre dame de compagnie, il n’a point dormi. Il passe ses nuits à interroger ses livres, cherchant quelque chose qui le puisse mettre sur la voie. Il ne trouve rien, rien, entendez-vous ? Et si c’est une arme