nette que l’estomac de cette malheureuse personne se désagrège, tend à devenir une écumoire, pour me faire comprendre par une comparaison un peu triviale.
Tous se regardaient, stupéfaits.
— Et, phénomène très curieux, conclut le médecin, les points où l’estomac se… ronge, c’est le mot juste, semblent coïncider avec des rougeurs disséminées sur la peau, à hauteur précisément de la poche stomacale.
— Mais la cause, la cause ?
— Je l’ignore.
— N’aurait-elle pas ingéré une substance toxique ? demanda Fleuriane.
— Je ne crois pas. Du moins, je ne connais pas de substance toxique déterminant des symptômes semblables.
— Alors ?
— Alors…
M. Dody parut hésiter un instant, puis avec une tristesse dans la voix :
— Je ne puis que faire des piqûres de morphine ; au moins la malheureuse n’aura plus conscience de souffrir.
Fleuriane exprima douloureusement :
— Mais, c’est un arrêt de mort que vous rendez là !
Le docteur inclina la tête.
— Je profiterais volontiers de l’état d’insensibilité actuel de la malade pour faire une première piqûre. En revenant à elle, elle se sentira soulagée.
Son accent vibrait, attendri. Ah ! l’hôtelier, dans sa lourde façon de dire les choses, avait exprimé la vérité.
M. Dody était un médecin conscient de ses devoirs.
Et M. Defrance, Fleuriane, leurs amis gémirent d’une même voix :
— Vous avez raison, docteur.
Le praticien eut un mélancolique sourire ; tirant de sa poche une trousse, il mit à jour une seringue de Pravaz et un flacon contenant la solution morphinée.
Une minute, silencieuse et tragique, il demeura penché sur Mme Patorne. Puis il se redressa, plaça l’instrument et le flacon sur la cheminée ; et doucement :