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CHAPITRE II

Le Poison mystérieux


À la pointe extrême du cap Prince of Wales, sur les rochers, que la neige et les glaçons tapissent de larges plaques scintillantes sous le soleil pâle, deux êtres regardent au loin.

Devant eux, à cent pieds plus bas, s’étend une nappe d’eau congelée, non point plane, mais bossuée, mamelonnée. On dirait que la couche épaisse de glace s’est « gondolée » sous l’effort de formidables pressions.

Il en est ainsi… C’est en ce point que le détroit de Behring, qui sépare l’Alaska américain de la Sibérie asiatique, atteint son minimum de largeur entre le promontoire du Prince of Wales et l’East Cape.

Au loin, se dessinent des groupes d’icebergs, hautes montagnes de glace, indiquant l’emplacement des îles Diomèdes situées au milieu du détroit.

Plus loin encore, la côte sibérienne se devine sous l’aspect du brouillard grisâtre.

Les deux curieux regardent toujours, engoncés dans des fourrures, cachant même leurs visages.

La rigueur de la température justifie leur accoutrement, car, en dépit du soleil de cette journée du 5 mai, le thermomètre marquait 14° au-dessous de zéro.

— Incessamment, la débâcle des glaces va commencer, prononça l’un des deux observateurs. Il faudrait avoir traversé le détroit auparavant. Et nous sommes immobilisés ici…

— Certes. Quels qu’aient été les torts inconscients