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barricade. Il y a un grand cri d’allégresse, un de ces cris où une âme se donne toute.

Fleuriane est dans les bras de Dick Fann, qui l’a délivrée.

Une heure après, tous dormaient profondément dans d’excellents lits, mis à leur disposition par la population d’Ill-Tower ravie, transportée, d’avoir tué douze ours.

À Milato, ils avaient oublié l’horrible aventure, car, en cet endroit, comme si le destin avait voulu se faire pardonner les heures troublées du cirque des ours, ils avaient appris par le télégraphe, fil ténu reliant l’Alaska à l’univers, que, en présence des difficultés à vaincre pour parcourir la presqu’île, les concurrents de la course tourdumondiste avaient décidé de modifier l’itinéraire primitivement adopté. Tous s’étaient embarqués à San-Francisco, pour gagner, par mer le port russe de Vladivostok, puis l’Europe, par le tract qui longe, à des distances variables, le tracé du chemin de fer transsibérien.

Le jour où cette nouvelle leur était parvenue, M. Defrance, Fleuriane, Dick et Jean Brot s’étaient regardés joyeusement, car, parmi les concurrents, Larmette se trouvait cité.

Allons ! ils achèveraient cette partie du voyage sans avoir à redouter de complications de la part de leur adversaire.

Mais, hélas ! à Port-Clarence, l’adversité allait de nouveau fondre sur eux.

Port-Clarence, situé au bord de la mer, se tient en relation avec les autres contrées pendant le trimestre où les eaux sont libres.

Conséquence : une auberge médiocre, mais excellente par comparaison avec les bouges où les voyageurs avaient été contraints de se reposer dans l’intérieur des terres. L’hôtelier, Firino Borini, un Italien maigre, brun de peau, noir de cheveux, le menton orné d’une barbe embroussaillée, s’était pris d’un véritable engouement pour ses clients.

Et tous, rompus, brisés, avaient décidé de séjourner trois jours à « l’Étoile du Gourmet » — c’était l’enseigne affriolante de la maison — avant de poursuivre leur route.

Firino Borini avait accueilli avec une joie débordante la décision de ses clients. Sa satisfaction ne s’était pas bornée à de vaines paroles ; il avait réussi à leur composer des menus à peu près présentables.

Le soir de la seconde journée, effet sans doute de la