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— Pourquoi pas ?

Tout à sa pensée, il avait parlé à haute voix.

Et Fleuriane s’écriant :

— Vous avez trouvé le moyen d’échapper à ces vilains ours, n’est-ce pas, monsieur Dick ?

Il inclina la tête, ému par la confiance absolue vibrant dans la voix de la jeune fille. Des questions se croisèrent, soulignant son geste.

— Et ce moyen ?

— Oh ! le moyen est extrêmement simple, répliqua Fann. Il s’agit pour l’un de nous de chausser des skis, de sortir d’ici et de filer en vitesse jusqu’à Ill-Tower.

— Mais les ours arrêteront le messager au passage.

Fleuriane, soudainement pâlie, avait murmuré cela, approuvée par tous.

— Nous allons parler des ours. Auparavant, permettez-moi une observation. Un homme, accoutumé au ski, par un temps froid comme celui dont nous jouissons, franchit sur la neige durcie de soixante à soixante-dix kilomètres à l’heure, c’est-à-dire qu’il dépasserait un bon cheval au galop, et distancerait, à plus forte raison un animal comme l’ours, lequel peut courir longtemps, mais n’est point un coureur de vitesse.

— On peut rencontrer un obstacle, tomber… fit la jeune fille, d’un accent tremblé.

— Oh ! riposta gaiement Dick, qui se livre aux suppositions se condamne à l’inaction. Les rochers qui nous abritent peuvent se déplacer, tomber sur nous, nous écraser.

Arrêtant les paroles de protestation prêtes à jaillir des lèvres de son interlocutrice :

— Raisonnons froidement, voulez-vous ? Nous sommes à sept kilomètres d’Ill-Tower, c’est-à-dire à dix ou douze minutes sur skis ; une simple plaisanterie… Aux abords des agglomérations, vous l’avez remarqué dès hier, la piste est aisée. Donc, on peut affirmer que si l’un de nous réussit à gagner l’étranglement rocheux qui accède à ce cirque où nous sommes, celui-là aura quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent pour atteindre la bourgade et ramener du secours… Les habitants sont toujours disposés à la chasse à l’ours dans ces régions où messer Martin est l’ennemi invétéré.

— Ouï, soupira Fleuriane, mais il faut arriver à l’étranglement rocheux en question, et nos assiégeants à quatre pattes gardent le passage.