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— Continuez, je vous en prie, car je ne devine pas comment…

— Je l’ai, maintenant, cette certitude. Écoutez : l’homme habite Paris ; il vous surveille, vous qui devez lui faire découvrir le gîte des corindons enlevés sur tous les marchés par M. votre père.

— Jusque-là, je pense comme vous.

— Ma présence à Paris l’inquiète, ce qui démontre un homme très intelligent. Il estime que peut-être je possède certains indices dangereux pour lui. Sans nul doute, toutes mes démarches sont épiées. Comme je n’en ai fait aucune, l’inquiétude de mon adversaire a dû redoubler. Il vient d’arriver fatalement là où je souhaitais l’amener : se poser en volé afin de faire chercher le voleur ailleurs que chez lui.

En quelques mots, avec une lucidité singulière, Dick Fann mit son interlocutrice au courant de la visite des perceurs de murailles à la maison Larmette et Cie. Ah ! M. Ginat eût été stupéfié s’il avait entendu celui qui, si prestement, s’était débarrassé de lui.

— Tout me démontre, conclut ce dernier, que le vol est simulé. Par le choix des pierres dérobées, on a voulu jeter dans mon esprit la double conviction que les voleurs du radium et des corindons ne sont pas les mêmes et que le volé est un innocent. Or, ma déduction est autre. C’est le même coupable qui a opéré, et le voleur se trouve parmi les volés. J’ai affirmé que le radium devait transformer des corindons sans valeur, on vole des corindons de prix, à l’exclusion de toute autre pierre précieuse, vous voyez le lien.

— Certes… guidée par vous, je vois. Mais le personnage me fait plus peur, car je le comprends audacieux, doué d’une habileté…

— Infernale, dites le mot. Seulement, il a commis une faute grave. Il nous a révélé son gîte. J’espère qu’aujourd’hui même, il nous révélera sa personnalité.

— Et je cesserai de trembler pour mon père, pour moi.

Dick arrêta la jeune fille d’un sourire mélancolique.

— Vous tremblerez moins, mademoiselle, car il est plus aisé de se défendre du connu que de l’inconnu.

— Vous ne le ferez donc pas arrêter ?

— La loi ne condamne que sur des preuves matérielles, mademoiselle. L’homme ne doit pas se douter