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serait de savoir le but de la lettre et, pour ce, commencer par en prendre connaissance.

Elle l’ouvrit donc, chercha la signature et, l’ayant trouvée, elle resta saisie, le regard effaré, les mains tremblantes, en proie à une extraordinaire émotion. Cette signature ferme, décidée, indiquant un être en possession de toute sa vigueur, de toute sa lucidité, était :

« Dick Fann. »

Qu’est-ce que cela signifiait ? Par quel miracle pouvait-il lui écrire ce matin ? Derechef, son esprit s’abandonnait aux hypothèses. Cette fois encore, elle se contraignit à écarter ses imaginations, et redevenue maîtresse d’elle-même, elle se prit à lire lentement ces lignes :

« Mademoiselle,

« Votre courageuse obéissance nous a amenés au succès.

« Je vous réitérerai mes remercîments à Valdez, où je reprendrai sur votre de Dion mon poste de mécanicien.

« Je vous entends. Comment cela se fait-il ? Comment le moribond vous écrit-il ? Un mot vous expliquera tout.

« Le moribond se porte admirablement bien. Il a profité de ce que Larmette avait décidé de le tuer pour vous mettre hors de portée du sinistre personnage et pour faire quitter à M. Defrance le territoire américain.

« Pardonnez de ne pas vous avoir admise dans la confidence. Votre tristesse même, qui me navrait, était nécessaire pour tromper l’individu redoutable et défiant qui s’attachait à vos pas. Aussitôt que je le puis, sans danger pour vous, je vous raconte toute l’aventure. La voici. »

Un instant Fleuriane interrompit sa lecture. Une buée rose s’était répandue sur son visage. Son corsage se soulevait avec violence, sous la poussée de son cœur battant à grands coups.

Dick Fann bien portant ! Sa maladie, sa blessure simulées. Elle ne comprenait pas, mais une joie folle chantait en elle, la secouait tout entière.

Elle reprit le papier, contraignit sa pensée à se fixer sur les caractères tracés par Dick.