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venait de se dresser devant elle. Elle fut rassurée aussitôt ; la voix du petit Jean Brot chuchotait à son oreille :

— Je vous attendais, mademoiselle, pour vous dire que, tout l’après-midi, le sieur Larmette et son acolyte sont restés au salon avec Mme Patorne. Cette vieille fée se figure que c’est pour le charme de sa conversation ; moi, je sais que de la fenêtre de cette pièce, on voit ce qui se passe chez le patron…

Il se reprit aussitôt :

— C’est-à-dire… M. Dick.

— Les volets sont fermés maintenant.

— Aussi, il y a des gens qui guettent dans la rue.

— Tu en es sûr ?

— Vous en serez aussi sûre que moi, quand vous aurez regardé dehors.

Mais changeant de ton :

— Du reste, cela ne fait rien à l’affaire… Comme les deux bonshommes étaient retenus au salon… j’ai subtilisé les clefs de leurs chambres. C’est de la serrurerie de pacotille, ça se fabrique à la grosse ; j’ai donc pu m’en procurer de semblables.

— Dans quel but, mon pauvre Jean ?

— Dans le but de pénétrer chez eux, au milieu de la nuit, quand ils dormiront, pour leur rendre le coup que M. Dick Fann ne peut pas leur payer lui-même.

Une émotion violente saisit Fleuriane. Dans un élan de dévouement sincère, naïf pourrait-on dire, il exprimait son désir d’appliquer la loi du talion, cette loi de Lynch comme l’appellent les Américains.

La jeune fille avait pris les poignets du Parisien et, les larmes ruisselant sur ses joues, elle l’exhortait à la patience. Elle lui apprit les ordres de son père.

— Tu vois ma confiance en toi, petit… Je ne te cache rien. Fais comme moi, attends, je t’en prie.

Et lui, bouleversé par ces paroles, murmura :

— Ce que vous voudrez, mademoiselle… J’attendrai. Mais vrai, là, c’est bien pour vous, car le meilleur moyen de n’avoir plus à craindre un bandit est encore de le supprimer.