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en son cerveau. Sa respiration reprend un cours normal, son cœur cesse d’être étreint par une serre de fer. Elle promène autour d’elle des regards encore troublés, mais où scintille la flamme de l’intelligence renaissante.

La pièce est vaste, peinte de lilas clair. Voici la fenêtre, close maintenant. À travers les vitres, elle distingue les barreaux… Puis, sur le rebord lilas de la croisée, sur cette teinte printanière, il y a une série de gouttelettes rougeâtres. Et sa tête tourne lentement. Elle cherche celui qui a souffert.

Ah ! le voici. Dans le lit fer et cuivre, il est étendu immobile, rigide, la face blême, les yeux clos.

Est-ce qu’il vit ? L’interrogation cruelle la galvanise. Elle se soulève, faisant glisser le fauteuil qui la supportait.

Au bruit, le pseudo-mulâtre se retourne. Il vient à elle, lui prend les poignets, et les yeux dans les yeux, il chuchote :

— Fleuriane, parlez bas. Les murs ont des oreilles, mon enfant.

— Père, père, gémit-elle doucement, pardonnez-moi… mais il est si bon, si chevaleresque…

Dans ces simples paroles réside l’aveu. Tout son cœur s’est dévoilé.

Et maintenant elle attend, ses paupières se sont abaissées, comme si elle avait peur de lire sur les traits de son interlocuteur l’arrêt qui condamne son espérance.

Mais le chuchotement de M. Defrance se fait caressant :

— Vous n’avez donc jamais compris, Fleuriane, combien votre père vous aime ?

Dans l’accent de reproche caressant, elle a entendu passer le pardon. Non, son père ne l’accuse pas. Il s’explique d’ailleurs :

— Bon, chevaleresque et… habile, fait-il lentement. Si je le sauve, pourquoi ne serait-il pas mon fils ?

— Espérez-vous donc, père ?

Sur les traits du faux Noscoso se montre comme une hésitation.

— Je ne sais, ma pauvre enfant. Seulement, rappelez-vous l’axiome médical : « Tant que la vie subsiste, il faut espérer. »

Puis, coupant court à de nouvelles questions :