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titude qu’il devait considérer comme imposante et majestueuse, il demanda :

— Ne connaissez-vous à la victime aucun ennemi correspondant au signalement ci-dessus ?

La jeune fille répliqua froidement :

— Non ! Mais le vrai coupable n’est point celui qui a frappé, c’est l’instigateur du crime qu’il importe de rechercher.

— Possible ! Possible ! mâchonna Ézéchiel, évidemment peu charmé de l’observation, mais, en matière d’enquête, il faut procéder du connu à l’inconnu. Découvrons l’homme aux jambes de bois et nous arriverons à celui qui a conçu le meurtre, qui l’a ordonné, si cet homme existe. Je rechercherai donc un assassin sans pieds, à moins que vous ne puissiez m’indiquer une autre piste.

Fleuriane n’eut pas le temps de répondre. La voix de Larmette s’éleva.

— Je pense que Mademoiselle est absolument dans le même cas que moi.

— C’est-à-dire !…

— … Qu’elle peut avoir de vagues soupçons, mais sans aucune preuve matérielle. Or, j’ai l’honneur d’être son concurrent dans la course mondiale autour du monde, et je crois loyal de l’avertir des sévérités de la loi américaine, contre quiconque n’apporte pas la preuve en même temps que l’accusation.

— Faites, faites ! Cela en effet est d’un concurrent très loyal.

— Je le pense. Or, à la requête des personnes mises indûment en cause, celle qui accuse légèrement est immédiatement appréhendée et enfermée jusqu’à l’issue du procès à elle intentée. Il n’y a aucune libération conditionnelle à espérer, car la caution n’est pas admise.

La jeune fille écoutait, le visage rigide, le regard dur. Elle comprenait que le joaillier la bravait, lui montrant comment la loi américaine, maniée par un être retors, pouvait devenir la protectrice des misérables contre les honnêtes gens.

Et secouant la tête, elle murmura :

— M. Larmette a raison, je ne pourrais émettre que de vagues suppositions.

Elle acheva d’une voix qui tremblait à présent :

— Puis-je me retirer ? Je souhaiterais aller moi-même prendre des nouvelles du blessé.