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que vous aurez à le remercier, car cette gracieuseté ne s’adresse pas à moi, qui vous suis à mon corps défendant, mais bien à vous-même, la concurrente de la course tourdumondiste Paris-New-York-Behring-Paris !

Mais Jean Brot coupa net l’entretien.

Le gamin accourait à toutes jambes, sans cravate, nu-tête, le désordre de sa mise disant un esprit bouleversé.

D’un coup d’œil, Fleuriane remarqua cela. Elle pâlit.

Ses yeux, ses gestes interrogèrent le petit, qui, essoufflé, s’arrêta devant elle.

— Je ne sais pas, mademoiselle, il y a là un magistrat, un détective, des gens de police qui vous demandent.

— Des gens de justice ?

— Ils m’ont chargé de vous chercher et de vous ramener. Ils attendent dans le salon de lecture de Jippy-Pavilion.

— Dans le salon de lecture, dis-tu, Jean ?

— Oui, mademoiselle.

— Eh bien ! ne faisons pas attendre ces messieurs. Au surplus, je suis curieuse de savoir ce qu’ils me veulent.

Sans s’occuper de Mme  Patorne qui écoutait ahurie, elle s’élança, coupant à travers les pelouses, pour gagner plus vite la villa, dite villa publique, parce qu’elle contenait les salons de lecture, de conversation, de billard, la bibliothèque et autres salles communes à tous les clients de l’hôtel.

Dans le salon de lecture, plusieurs personnes attendaient.

Parmi elles, Fleuriane, dès l’entrée, reconnut Larmette et l’ingénieur Botera.

Mais aussitôt son attention fut appelée par un autre des assistants.

C’était un personnage grand et fort, la face rosée, le poil grisonnant, le nez court et large, chevauché par des lunettes aux verres ronds qui lui donnaient une certaine ressemblance avec le chat-huant.

— Mademoiselle Fleuriane Defrance, sans doute, prononça-t-il avec cette nuance de considération que les Américains marquent toujours aux personnes valant beaucoup de dollars.