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pas connaître son adresse. J’aurais été heureux de lui faire tenir mes remerciements et félicitations.

Puis il se dirigea vers la porte.

Larmette était allé retrouver Natson et Botera au garage. Je les ai surveillés d’une fenêtre du premier.

En revenant de ma filature, je ne faisais pas de bruit, vous pensez.

Aussi j’arrivai sans bruit devant la porte de la chambre blanchie à la chaux que l’on appelle le « parloir ».

Mlle Fleuriane était seule. Elle relisait la dépêche de Dick Fann de tout près, et… j’ai peut-être eu la berlue, mais il m’a semblé qu’elle la portait à ses lèvres.

Tiens, tiens !… Pourquoi pas ?… Il est si chic, le patron… C’est ça qui ferait un joli couple  !

Seulement, comme on ne m’a pas encore prié d’être témoin, je me suis reculé de quelques pas et je suis revenu en toussant, comme si j’avais confisqué toutes les bronchites des États-Unis.

Quand je suis entré dans le parloir. Mlle Fleuriane ne tenait plus la dépêche, et elle était rouge comme une petite pivoine.

15 mars. — Dix jours encore de route, dont trois de repos, à Cheyenne, pour réparations urgentes.

Nous entrons dans la zone montagneuse qui avoisine les Montagnes Rocheuses. Les villages, les fermes s’espacent de plus en plus.

On rencontre des Indiens qui considèrent l’automobile avec un flegme imperturbable. Ça n’a pas l’air de les étonner.

Est-ce que Larmette aurait renoncé à ses mauvais desseins contre moi ?

Sa Botera ne convoie plus notre de Dion.

Il part le matin, de bonne heure, et nous ne le revoyons plus qu’à l’étape où, avec une amabilité qui me crispe, le dîner est préparé, les chambres disposées par ses soins.

Cependant il a de fréquents conciliabules avec Mme Patorne.

Cette imbécile-là doit lui raconter tout ce que nous disons dans la journée.

Mais on fait un nœud à sa langue, Mlle Fleuriane et moi, on ne raconte que ce que l’on veut bien laisser tomber.

16 mars. — Le pays est pittoresque maintenant,