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— Rien n’indiquera votre travail, Botera ? reprend Larmette, se baissant vers celui qui maltraite notre pauvre voiture.

— Rien… La voiture roulera pendant deux heures avant l’accident ; à cinq minutes près, j’en réponds.

— Nous serons donc sensiblement à hauteur de la ferme en question ?

— Parfaitement. Vous y pourrez conduire la jeune fille et sa suite.

— Et ils n’en sortiront que quand nous tiendrons le père.

— Oh ! à la nouvelle de la disparition de son enfant… les journaux en parleront, je m’en charge ; il se montrera, le vieux renard…

— Je le crois…

À ce moment, Botera se releva, avec ces mots :

— C’est fait !

Qu’est-ce qui était fait ? Je n’en savais rien. J’avais seulement la certitude que, le lendemain, un accident nous arrêterait en route.

Après tout, j’avais un revolver. Quand on a sur soi un petit ami à six coups, on peut se débrouiller et défendre ceux qu’on aime. Oui, qu’on aime… je l’aime tout plein, cette mam’zelle Fleuriane.

Mais les coquins allaient sortir de l’écurie. Il s’agissait de ne pas me faire pincer.

Je regagnai ma chambre et me recouchai. Il était temps, j’étais transi ; un peu plus, je serais revenu à l’état de glaçon.

1er  mars, 10 heures du soir. — Nous sommes à Buda, dans un hôtel confortable. L’accident prévu ne s’est pas produit.

Natson a eu l’air ahuri tout le jour. Il a essayé de stopper après deux heures de voyage ; mais Mlle  Fleuriane lui a ordonné de continuer, et comme il semblait hésiter, j’ai armé mon revolver.

Rien de tel pour faire rouler une automobile, dont le mécanicien a un caillou dans les rouages. La Botera filait en avant.

Quand on les a rejoints, c’était à payer sa place. Larmette et l’ingénieur ouvraient des yeux comme des portes cochères qui diraient :

— Je n’y comprends rien.

Moi non plus, je n’y comprenais rien. L’important était que la machination fût déjouée. Et elle l’était.

Le soir, j’ai dîné avec des sandwiches au lard, que