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un masque de bandelettes. J’avais pensé que cela serait bien commode pour cacher la tache de vin de Toddy.

Le bandit me jette un mauvais regard. J’ai idée que s’il me tenait dans un petit coin désert… je ne prendrais pas le café que Mme Patorne, avec des grâces de babouin, nous sert de ses mains chargées de bagues.

Mon bol est plein… J’y ai veillé. Tout le monde semble s’étonner de ma gourmandise, et Jeffries exprime l’opinion générale par ces mots :

— Mâtin, quand il se remonte, le boy, il prend le remontant au baquet.

Voici le moment ! Voici l’instant d’agir. Je riposte :

— Oh ! mon erreur de ce matin demande cela.

— Cela vous préoccupe à ce point ? grommelle le pseudo-Jeffries.

— Oui, parce que non seulement j’ai dérangé inutilement le juge (on le voit, j’avoue tout), mais encore, il a été en droit de me considérer comme un niais et un ignorant. Je me suis informé aujourd’hui.

Neuf heures sonnent, comme Larmette questionne :

— Vous aviez besoin de vous informer pour vous assurer de votre ignorance.

— Oui, monsieur, vous allez comprendre… Après que M. Jeffries fut débarrassé de ses bandes de pansement, une idée saugrenue me trotta dans la tête. Est-ce que les compresses d’iode n’auraient pu faire disparaître une tache de vin existant auparavant sur son visage ?

Le joaillier, Botera, Toddy ont tressailli.

Le coup est dur. Pourtant, le premier se ressaisit aussitôt.

— C’est de l’entêtement, fait-il.

Tandis que Jeffries, oubliant un instant son rôle, gronde :

— Voilà un moucheron auquel il arrivera un accident avant qu’il atteigne un âge avancé.

Il s’arrête brusquement ! Un coup d’œil de Larmette l’a rappelé à l’ordre.

— Ah çà ! repris-je en riant, pour être entêté, je le suis. À ce point que je suis allé prendre une leçon de chimie.

— De chimie ? clama-t-on tout autour de la table.

— Comme je vous le dis. J’ai appris ainsi que l’iode n’avait aucune action sur une tache comme celle qui