— Diable ! diable ! Ce Toddy est un être dangereux.
— Bon, des roundsmen (agents de police) vous accompagneraient.
— Comme cela très bien.
— Et je me charge de provoquer… l’émotion nécessaire à la réapparition de la tache.
— Entendu… Venez un instant dans mon cabinet.
Je suis le magistrat. Nous demeurons enfermés quelques minutes, afin de bien arrêter nos faits et gestes ; puis je reprends le chemin de l’hôtel.
Il faut que je décide miss Fleuriane à souper dans la salle commune.
Et le soir est venu. Nous sommes tous dans la salle, autour de la table.
Larmette, cet homme a le génie de déterrer les marchands de fleurs, a réussi à obtenir des bouquets qui piquent d’une note gaie la nappe blanche.
Le pseudo-Jeffries aussi, est là, non loin de miss Fleuriane. C’est une crâne jeune fille que la demoiselle. Elle ne sourcille pas, et cependant je ne lui ai rien caché. Combien d’autres, à sa place, seraient épouvantées à la pensée de dîner auprès d’un bandit, évadé de prison !
Botera baragouine des joyeusetés avec son délicieux accent sud-américain.
Je sais que le juge Thomson est dans l’hôtel avec deux policemen. Ils ont mis le directeur sous clef, afin qu’il ne révèle à personne leur présence.
À neuf heures exactement, je dois agir. Et je suis avec une pointe d’anxiété les aiguilles qui parcourent lentement le cadran du cartel, ornant un des angles du dining-room.
Oui, à neuf heures moins cinq, on enflamme l’essence de la cafetière russe, où va s’élaborer le café « soigné » qui terminera le repas. J’ai demandé un grand bol. J’ai parcouru la ville tout le jour, et j’ai besoin d’un remontant.
— D’autant plus, ricane Larmette, que la matinée a été chaude.
Il fait allusion à la mercuriale que m’a décochée M. Thomson.
Patience ! mon tour va venir. Et je réponds gentiment :
— Tout le monde peut se tromper. M. Jeffries avait