l’aventure va se traduire par un retard de quelques jours.
La neige, paraît-il, a interrompu les communications télégraphiques.
Sans cela, la demoiselle aurait prié son banquier de Montréal de lui expédier un mandat électrique. Mais la neige, voilà.
Il faut envoyer un piéton jusqu’à je ne sais quel bureau de poste… et puis il y aura un transport par chemin de fer, puis par bateau… C’est le comble de la complication.
Au total, au moins cinq jours de retard. Cinq jours, où nous serons immobilisés ici.
Ah ! je peux dire que j’aurai de l’agrément pour mes cent quarante-huit francs. Enfin, quand l’argent a filé, il faut bien consentir à s’en passer.
Du reste, la demoiselle, qui est gentille tout plein, nous a demandé, à Mme Patorne et à moi, combien nous avions perdu. Elle a noté cela sur son calepin en nous disant :
— Je remplacerai ; après tout, vous êtes volés parce que vous m’accompagnez ; si vous étiez restée à Paris, rien de pareil ne serait advenu. Il est donc juste que je vous indemnise.
L’ineffable Patorne a trouvé cela fort raisonnable.
Moi, une idée m’est venue ; elle est née des paroles mêmes de la demoiselle.
— Vous êtes volés parce que vous m’accompagnez, a-t-elle dit.
Eh ! mais. C’est peut-être plus vrai qu’elle ne le pense ! Oui, je sais bien, Natson a été dépouillé comme nous. Seulement ceci peut parfaitement être un chiqué… Il aurait été trop maladroit, de la part de ses amis, de l’épargner, seul de l’équipage de notre de Dion.
Sans avoir l’air, je fais ma petite enquête… Quand on est au service d’un détective comme Dick Fann, il doit y avoir une sorte de contagion… Oh ! j’étais déjà pas mal curieux auparavant. Il est probable que j’avais le germe de la maladie.
Enfin… La veille, quelles sont les personnes arrivées à l’hôtel, en dehors de nous, du nommé Larmette et de son Péruvien Botera ?
Deux marchands qui vont continuer leur route… Des braves gens, ceux-là, avec la figure matoise de fermiers hâlés par le grand air.