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ser, les roues de droite ayant enfoncé dans une ornière de boue liquide.

Chicago, une grande ville américaine, c’est-à-dire froide et triste, avec ses rues se coupant à angle droit.

C’est la patrie de la viande conservée. Tout le monde nous dit cela avec fierté… Je ne comprends pas bien pourquoi ils sont fiers, mais cela m’est égal.

Mme  Patorne, en arrivant, a fait une toilette ébouriffante.

On croirait qu’elle attend des visites… Ça n’est pas vraisemblable.

Natson, de son côté, me surveille sûrement. Je ne puis faire un mouvement sans le trouver sur mes talons. Ceci n’est pas pour me déplaire. Grâce à sa curiosité, je ne le perds pas de vue. Quand il disparaîtra, je serai averti qu’il manigance quelque chose que je dois faire manquer. On a dîné pas mal.

Naturellement, on nous a fait goûter des viandes conservées des usines de Chicago : Corned beef, Tomatoes chops, Peas veal, etc.

Dix heures, Mlle  Fleuriane annonce qu’elle va se retirer dans sa chambre.

Mais, pump, pump, pump… une corne automobile beugle en dehors.

Qu’est-ce ? Eh ! parbleu ! celui pour qui la Patorne s’était pomponnée.

Larmette, avec son ingénieur Botera et sa grosse machine de cent chevaux. Ils ont quitté New-York vingt-quatre heures après nous, et ils nous rattrapent. Voilà ce que c’est d’avoir cent chevaux contre trente.

On ne s’en débarrassera plus. Il a déclaré avoir forcé l’étape, vouloir marcher de conserve avec nous. On lui a porté secours sur la route du Havre. Il brûle de nous rendre la pareille. Et patati. Et patata.

C’est égal, je suis inquiet… Où est M. Dick Fann ?

Est-ce qu’il a les yeux sur nous, comme il l’a promis ?

Du 19 au 24. — J’ai beau surveiller, il ne se passe rien d’anormal. La boue, la neige continuent. De temps à autre, on circule sur la voie du chemin de fer qui est déblayée pour le passage des trains.

On a même failli être tamponné par une locomotive, qui s’est arrêtée à quatre mètres de nous.

Une seconde de plus, brrr… notre voyage finissait en marmelade.

Ce que ça a l’air brutal et mauvais, une locomotive qui vient sur vous !