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fatigue nerveuse. Veuillez donc faire conduire le prisonnier en lieu sûr, ainsi que vous en manifestiez l’intention tout à l’heure.

Le policier comprit que son interlocuteur lui tendait une perche de salut, il le remercia d’un coup d’œil expressif, et congédiant les agents :

— Conduisez l’homme à la cellule provisoire d’instruction.

— Et surtout ne le perdez pas de vue, ajouta Dick.

Tous deux demeurèrent seuls en présence. Alors le détective parla ainsi :

— Cher monsieur Greggson, dès le début de l’enquête, vous avez été égaré par la supposition que le coupeur de manteaux était un fou. Une fois cette idée ancrée en vous, il était impossible que vous arriviez à un résultat.

— Pardon ! Quelle autre idée pouvait-on avoir ?

— Celle-ci, que le coupable cherchait dans les manteaux une chose qui était cachée à son intention.

— Quelle chose ?

— Vous le saurez à l’instant. Laissez-moi procéder par ordre. Évidemment, Meulen savait trouver l’objet en question dans un manteau désigné d’avance par le nom de la cliente qui devait le recevoir. Or, mon attention fut appelée de suite par ce fait que les manteaux avaient été confondus chez miss Marily par la servante chargée de les repasser. Cela, rapproché du fait de la mutilation de deux manteaux à la réception, me démontra que le chercheur ignorait désormais lequel contenait l’objet qu’il recherchait. Conclusion : ou bien il avait trouvé dans ces deux manteaux et alors il ne ferait plus parler de lui, ou bien son premier exploit n’avait pas été couronné de succès et il continuerait

— Bigre ! bigre ! souligna M. Greggson, frappé de la justesse de ces déductions.

— Or, j’eus la preuve qu’il n’avait point trouvé, par le crime commis chez Mrs. Lodgers. De plus, j’eus là la certitude que ce crime lui-même avait été inutile, et que, dès lors, le coupable voudrait avoir en mains le quatrième et dernier manteau. J’ai agi en conséquence.

— Mais cette certitude ?…

— Venait de ce que la victime, Edith, tenait encore dans sa main un lambeau d’étoffe qu’elle avait tenté