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Le télégramme aussitôt transmis, la bizarre camériste demanda une de ces cartes-express fermées que, moyennant le paiement de vingt cents (un franc), l’administration des postes américaines délivre au public.

Ces cartes sont expédiées par les voies les plus rapides, et distribuées hors tour comme les dépêches proprement dites.

Sur la tablette de correspondance du bureau, Mathiesel s’appuya et rédigea la missive que voici :

« Mistress Lodgers, en son Hôtel de la Cinquième Avenue, New-York.

« Madame, veuillez par lettre express, au reçu de la présente, me commander de rentrer à New-York, après-demain, le plus matinalement possible. Respectueux remerciements de

« Mathiesel ».

La carte fermée, la jeune fille la glissa dans la boîte ad hoc, puis partant du bureau, elle sauta sur sa machine et reprit le chemin de Stone-Hill.

Elle pénétra dans le parc, à l’endroit même qui avait servi à sa sortie, démonta sa bicyclette, la réintégra dans son enveloppe et regagna le château. Sa fugue avait duré à peine une demi-heure. Elle ne rencontra personne sur son passage, courut jusqu’à sa chambre, enfouit la machine dans la malle jaune, et celle-ci refermée soigneusement, elle poussa un soupir de satisfaction.

— Personne n’a rien vu. Il viendra… Ce cauchemar prendra fin !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le neuvième jour de la « garnison » de Stone-Hill (ainsi désignait-on la présence de Mathiesel) commença.

Des incidents variés devaient ranimer la curiosité des habitants.

À la première distribution postale, la femme de chambre reçut une lettre, la lut, poussa une exclamation dont les autres domestiques sursautèrent, et s’adressant à Linna, qui la considérait d’un air ahuri :

— Ma chère, fait-il jour chez Mrs. Tolham ?

— Oui, certes, je viens de lui porter son premier déjeuner.

— Très bien. En ce cas, elle pourra me recevoir.