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légèrement inclinée, alors que la marque de l’étoffe prouve une attache habituelle parfaitement horizontale.

Elle eut un mouvement de surprise.

— Enfin, vous êtes venue en auto-taxi, dans une voiture verte, même, voici une peluche du capitonnage sur votre manche. Eh bien ! votre anxiété est telle, qu’en arrivant ici, vous avez trouvé le concierge lavant à grande eau le vestibule, et qu’au lieu de marcher sur les trottoirs en bordure, vous avez mis le pied dans une flaque liquide, dont votre bottine droite conserve une petite éclaboussure savonneuse.

Fleuriane avait tressailli.

Certes, elle avait entendu vanter la perspicacité de Dick Fann, mais jamais elle n’eût pensé qu’à première vue il pût découvrir de si infimes détails.

Car tout était vrai ; et, de cela elle se sentit touchée, il lui avait expliqué simplement sur quels indices il avait basé ses déductions.

Au reste, il ne lui laissa pas le loisir de se livrer à ses réflexions, car il acheva :

— Donc vous êtes « hors de vous-même »… Ce qui vous met en cet état doit donc être grave, car vous êtes courageuse.

— C’est vrai, répondit la jeune fille sans la moindre forfanterie. Mon père m’a parfois entraînée dans ses longues chasses. Il a pensé que l’éducation sportive devait s’allier à l’instruction. Il m’a appris le sang-froid, la résolution rapide.

— Pour apprendre cela, il faut être doué par la nature.

— Peut-être, consentit Fleuriane. Peut-être étais-je douée, comme vous dites… Ce qui me ferait croire cette chose avantageuse, c’est que Mrs . Patorne, ma dame de compagnie, que sa fonction entraîne partout sur mes pas, — en ce moment, elle m’attend dans votre antichambre, — Patorne, donc, n’a jamais pu vaincre ses frayeurs un peu puériles.

Elle eut un geste mutin.

— Enfin, laissons cela.

— Et apprenez-moi contre quoi vous désirez être défendue.

Une rougeur monta aux joues de la visiteuse.

— Hélas ! voilà qui me bouleverse plus que tout le reste… je n’ai aucune certitude…