— Elle aura bien tort. Car moi, je lui pardonne. Bien plus, je me fais des reproches. Je vais lui donner deux jours de congé. Elle les passera dans sa famille et se reposera.
Tous deux étaient parvenus au premier étage. Ils traversèrent plusieurs pièces, dont les portes garnies de ressorts se refermaient automatiquement après leur passage, et ils pénétrèrent enfin dans un ravissant boudoir-bibliothèque, que Dick jugea devoir se trouver en arrière de la chambre de la tourelle. Mais Mrs. Lodgers disait sa surprise, au fond de laquelle perçait une vague inquiétude.
— C’est inconcevable ! Jamais Edith n’a montré pareille négligence. Veuillez vous asseoir… Je vais voir.
Dick Fann obéit, marquant la parfaite discrétion du gentleman, en tournant le dos à l’entrée de la chambre à coucher. Mrs. Lodgers approuva d’un geste inconscient et ouvrit. Le détective l’entendit murmurer sur le ton de la stupeur :
— Personne ! Qu’est-ce que cela signifie ?
Puis il perçut le glissement léger de la jeune femme sur le tapis.
Évidemment elle cherchait. Selon toute apparence, un fait imprévu avait obligé Edith à quitter son poste… et la méticuleuse servante aurait dû laisser une note pour avertir sa maîtresse.
Soudain, Dick se redressa, comme mû par un ressort. Un cri étranglé venait de retentir dans la chambre où avait disparu Mrs. Lodgers, suivi d’un bruit sourd, comme celui de la chute d’un corps sur le plancher.
En deux bonds, le jeune homme se trouva dans la pièce éclairée, ainsi qu’il l’avait constaté d’en bas, par des ampoules électriques dont l’éclat était tamisé par des tulipes roses.
Mais ce ne furent ni le lit Louis XVI, aux amours et guirlandes sculptés, ni les bibelots précieux qui attirèrent ses regards.
Au fond de la salle, près de la porte d’un cabinet attenant, Mrs. Lodgers gisait sur le tapis, privée de connaissance.
Tout en allant vers elle, l’Anglais murmura :
— Elle a ouvert cette porte… Qu’a-t-elle vu pour être effrayée au point de s’évanouir ?
Effet réflexe de cette question, il tira son revolver