me brûle la langue si elle ne dit pas ce que désire Votre Honneur !
Gracieusement, le visiteur choqua son verre contre celui de la mégère et sembla se délecter à déguster la boisson ardente.
— La merveille… Si j’étais plus riche, ce n’est pas d’un, mais de dix dollars que je paierais une si admirable mixture.
Interrompant les gloussements joyeux provoqués chez la portière par cette dernière affirmation, il poursuivit :
— Maintenant, passons au but de ma présence.
— Passez le premier, fit poliment son interlocutrice,
— Vous saurez donc, mistress… mistress… Ah çà ! j’ai oublié votre nom.
— Mistress Adelphi Loorn, jeta dignement l’interpellée, Adelphi Loorn, veuve d’Ezéchias Loorn, ex-sergent dans le corps des pompiers de Brooklyn.
— Troupe d’élite… Donc, mistress Adelphi, je reprends… Je suis envoyé par les bureaux de Mulberry-street, afin d’enquêter sur la vie privée d’Hermann.
— Sur sa vie privée… et vous croyez que moi, je vais dire du mal de mon locataire !…
Dick eut un sourire qui apaisa la commère.
— Qui vous parle de cela ? reprit-il d’un ton insinuant… Je suis décidé à ne questionner que vous. Vos réponses seront seules transcrites dans mon rapport. Vous tenez donc entre vos mains le sort d’Hermann, car suivant que vous le louerez ou le blâmerez, il recevra un avancement considérable ou bien demeurera dans sa situation actuelle.
À ces mots, le visage de la concierge revêtit une expression si bouffonne qu’un humain, moins maître de lui que le détective, n’eût pu résister à l’envie de rire.
Quelle gloire pour une concierge de tenir en ses mains le sort d’un locataire ; de devenir la dispensatrice des faveurs administratives !
— Alors, que désirez-vous savoir ? J’ai confiance en vous ; interrogez, je répondrai.
La commère était au point où le jeune homme avait voulu l’amener.
— Que pensez-vous d’Hermann, comme citoyen, en dehors de son service ? L’opinion d’une personne raisonnable et posée comme vous est considérable.
Considérable ! Le mot porta, Mrs. Adelphi se gonfla