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— Vous pensez donc, master Fann, avoir besoin d’eux ce soir même ?

L’interpellé eut un sourire.

— On ne sait jamais, dear confrère. La sagesse consiste à être prêt.

— Ah ! bon, bon… Je me figurais que vous aviez découvert une piste… et, entre nous, cela m’étonnait…

Le sourire de Dick s’accentua. De toute évidence, pour qui le connaissait, la présomption de l’Américain l’amusait. Mais rien dans son accent n’avertit son interlocuteur de cet état d’esprit, lorsqu’il répondit :

— Je vais me mettre en campagne, ce soir même. Il est à peine huit heures… je puis agir. Croyez que je vous communiquerai toute découverte de nature à vous intéresser.

— Vous ne souperez pas avec moi ?

— Non, excusez-moi. En face d’une enquête, je ne tiens plus en place. Nous nous reverrons, n’est-ce pas, et vous aurez en moi un convive moins absorbé… Ah ! à propos, un mot encore : Austin et Hermann sont-ils célibataires ?

— Austin, oui ; Hermann, lui, s’est marié dernièrement avec une charmante petite femme…

Dick s’était levé. Il serra la main de Greggson, interloqué par ce brusque départ, et accompagné jusqu’au seuil par le policier new-yorkais, il quitta le bureau de Mulberry street.

À cette heure même, deux personnages se rencontraient sur le quai du débarcadère, à peu de distance du Central-Hôtel.

Ces deux êtres, ombres indistinctes dans la nuit, échangèrent ces répliques :

— En bien, quand part la jeune fille ?

— Demain, monsieur Larmette.

— Bien. Elle n’a fait aucune difficulté pour t’engager, mon garçon ?

— Aucune. Pourquoi en aurait-elle fait, d’ailleurs ?

— Oh ! le Dick Fann est bien malin.

— Il ne pouvait se douter que je vous appartiens.

— Il ne s’en doutait évidemment pas. Sans cela, sa protégée ne t’eût pas admis.

— Je le pense aussi.

— Enfin, il ne nous ennuiera pas de quelques jours. Je lui ai donné de l’occupation avec la police de New-York.