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devoir de parler n’existait pas, je lui aurais conté la chose, car une pauvre, fille doit aller au-devant des suppositions de nature à friper sa réputation.

Emmie, Sika écoutaient sans un geste.

Elles éprouvaient une sorte de honte des soupçons qui les avaient lancées à la recherche de la soubrette. Ce sentiment fut si fort que la blonde Japonaise éprouva le besoin de s’excuser discrètement.

— Croyez, Véronique, que je ne vous ai pas suspectée. J’ai obéi à la curiosité, rien de plus.

Véronique remercia en termes choisis. Mais Emmie eût senti renaître tous ses doutes, si elle avait pu la voir un peu plus tard, causant de façon animée avec mistress Honeymoon, toujours vêtue en jeune garçon.

— Eh bien ? prononçait celle-ci.

— Eh bien, mistress, j’ai suivi votre conseil. Malgré ma timidité, je ne m’en suis pas trop mal tiré, et ces demoiselles, j’en jurerais, croient que j’ai le grand honneur d’être votre sœur de lait.

Une buée rose monta aux joues de l’Anglaise. Pourquoi ? Aucun des causeurs n’eût été à même de l’expliquer.

Toutefois, elle surmonta ce trouble passager et reprit :

— Tout est bien ainsi. Maintenant, il faudrait savoir quelles sont ces personnes, avec lesquelles le général et sa fille se sont liées à bord.

Véronique secoua la tête.

— Non, non, mistress, pas à bord.

— Que voulez-vous dire par là ?

— Qu’ils se sont connus à Paris.

— À Paris ?

— Oui. Le jeune homme a empêché Mlle Sika d’être renversée par une automobile.

La stupéfaction se peignit sur les traits de mistress Honeymoon.

— Vous êtes certaine ?… commença-t-elle.

— Certaine. J’accompagnais mademoiselle. Ensuite ; elle m’a fait prendre un fiacre, nous avons suivi son sauveur jusqu’à son domicile, sans qu’il s’en doutât…

L’Anglaise eut un hochement de tête pensif.