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d’une espèce très particulière, car ce fut un petit flacon qu’elle dissimula prestement dans son sac à main.

— Qu’as-tu donc acheté ? demanda Tibérade qui avait surpris le mouvement sans en deviner la cause.

— Des boules et de l’eau dentifrice.

Remontant la Cannebière, tous deux regagnèrent l’hôtel.

Tibérade, lui, monta à sa chambre, laissant Emmie libre de ses mouvements. À peine seule, la fillette se prit à rôder dans les couloirs du rez-de-chaussée. Ainsi elle parvint à la salle à manger. Le personnel, occupé ailleurs à cette heure, la salle lui apparut déserte. Les ombres du soir atténuaient la crudité blanche des nappes et l’éclat des cristaux. Dans cette demi-obscurité, que la petite sembla considérer comme favorable, si l’on en jugeait à son sourire, Emmie se glissa jusqu’à une table dressée près de l’une des fenêtres. C’était précisément à cet endroit que Midoulet détenteur de la chambre 15, avait été placé au déjeuner.

Sa serviette roulée, sa bouteille d’Evian à peine entamée, indiquaient qu’il avait encore retenu sa table pour le soir.

En mouvements prestes, hâtifs, Emmie tira le flacon caché naguère dans son sac à main.

Un craquement du plancher la fit frissonner. Elle se retourna brusquement. Fausse alerte. Personne !

— Allons, murmura-t-elle, pressons-nous, car, en vérité, ces manœuvres me donnent des palpitations de cœur.

Et débouchant le flacon, elle en versa le contenu dans la bouteille d’eau d’Evian. Ce geste achevé, les lèvres distendues par un sourire mystérieux, une joie maligne illuminant ses yeux vifs, elle se glissa dehors, remonta en courant à sa chambre, déposa son chapeau, et, se jetant dans un fauteuil, parut attendre sans impatience l’heure du dîner.

La cloche appela bientôt les voyageurs ; quelques minutes écoulées, et, les dîneurs, obéissant au signal, se sont installés aux mêmes places qu’ils ont occupées au repas du matin. Midoulet, notamment s’est