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leur, la blonde Japonaise reprit, comme se parlant à elle-même :

— Ah ! si l’on avait pu partir sans lui ; l’océan nous eût protégés, c’eût été la délivrance.

Ce fut avec une douceur caressante qu’Emmie la considéra ; bien plus, la fillette eut un sourire énigmatique en murmurant doucement :

— Mon cousin vous est tout dévoué, mademoiselle Sika, et moi aussi par conséquent. Il vous serait donc agréable que l’homme en question manquât le paquebot ?

— Mais ce serait la quiétude, au moins pendant la traversée.

— Eh bien ! soyez paisible. Mon cousin Marcel est malin comme un écureuil ; il nous trouvera le moyen de brûler la politesse à ce voleur de pantalons.

Et saluant la jeune fille stupéfaite de cette conclusion inattendue, Emmie s’enfuit légère ainsi qu’un oiselet.

Au premier détour des couloirs, elle s’arrêta, et appuyant l’index sur son front, à la façon popularisée par une revue connue, elle murmura :

— L’empêcher de partir, il faut y arriver, pour que Mlle Sika soit une fois de plus l’obligée de Marcel… Lui, il est trop timide. Si je ne m’en mêle pas, il ne l’épousera jamais.

Très grave, elle rejoignit Tibérade, ne lui souffla pas mot de son entretien avec la fille du général, mais de l’air le plus indifférent, elle proposa :

— Si nous faisions encore une petite promenade avant le dîner ? Ce sera notre ultime flânerie dans la patrie des galéjades.

Indifférent, il se laissa entraîner, sans soupçonner le plan qui venait de s’élaborer dans la cervelle fantasque de la fillette. Dehors, elle s’arrêta devant les boutiques. Les bocaux jaunes et rouges d’un pharmacien parurent l’attirer invinciblement.

— Attends-moi ! fit-elle brusquement… J’achète des boules de gomme.

En coup de vent, elle entra dans le magasin pour en ressortir un instant après.

Elle rayonnait mais ses boules de gommes étaient