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Causant avec le portier, elle venait d’apercevoir devant le bureau de l’hôtel, auprès du tableau des réveils appliqué au mur, le voyageur mystérieux du train, de la chambre n° 15, lequel, on l’a deviné, n’était autre que Midoulet, l’agent du service des renseignements que l’on a vu opérer à la légation de Corée, au Mirific, dans le rapide.

Depuis le moment où l’ambassade étrange du général comte Uko lui avait été révélée, l’agent n’avait plus quitté la piste du général. Durant quatre jours à Paris, il avait tout tenté, d’abord pour s’emparer du vêtement en cause, ensuite pour retarder le départ du Japonais.

De là, le cambriolage et les accidents dont Uko s’était plaint à Tibérade, lorsqu’il l’avait engagé comme voyageur garde-robe, sous le prétexte d’un pari imaginaire.

L’insuccès de sa dernière expédition avait mis l’agent hors de lui.

Dérober tous les pantalons du Japonais, et ne pas trouver, parmi eux, l’inexpressible diplomatique, il y avait de quoi devenir enragé.

De plus, le digne Célestin commençait à ne plus rien comprendre à l’aventure.

Il était bien certain de n’avoir laissé aucun étui à jambes, comme dit Bernard Shaw, à sa victime. L’achat par Véronique du vêtement d’uniforme d’un agent du chemin de fer le démontrait péremptoirement. Alors, où le général dissimulait-il l’introuvable et grotesque ajustement choisi comme message par S. N. J. le souverain nippon ?

Où cachait-il l’affolant vêtement du Mikado ?

De là, la nécessité de l’apprendre, et pour cela, de ne pas perdre de vue l’ambassadeur ; de là la conférence de Midoulet avec le portier de l’hôtel, conférence qu’Emmie, dissimulée par l’angle de la muraille, surprenait à cette heure.

— Le Shanghaï part bien demain matin à sept heures ? disait Célestin.

— Oui, monsieur, à marée haute, répliquait l’employé.