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Un instant après, ils se trouvaient sur le palier du first floor.

Le garçon les avait devancés. Il ouvrit les portes des chambres 4 et 6, s’assura que la communication n’était point close, et enfin consentit à laisser seuls les voyageurs, dont il espérait évidemment un pourboire abondant.

Tibérade entra. Emmie, restée en arrière, tourna la tête au bruit d’une porte s’ouvrant au fond du couloir, et aussitôt elle s’exclama :

— Cette fois, c’est trop fort !

— Qu’as-tu encore, petite Emmie ? questionna Tibérade, revenant vivement auprès d’elle.

— Tu ne devinerais jamais ce que je viens de voir.

— Inutile de deviner ce que tu brûles de me dire, mignonne.

— C’est juste. Eh bien, le voleur, tu sais, je l’ai vu, là-bas ! Descendu au même hôtel que nous ! Donc, il nous suit, ou plutôt il suit le pauvre général ; il n’y a plus de doute.

— Oh ! es-tu certaine ?…

— Si je suis certaine… Attends, je vais relever le numéro de la chambre de ce cambrioleur-là.

En quelques bonds, elle fut à hauteur de la porte dont le grincement avait appelé son attention, puis revenant à son cousin en sautillant.

— Chambre 15, susurra-t-elle. Chambre 15. La signaler au général et avoir l’œil.

Elle se tut brusquement. Un groom venait de s’approcher d’eux, la casquette galonnée à la main :

— Vous cherchez ? demanda Marcel d’un ton sec.

— M. Marcel Tibérade, chambre 4 ?

— C’est moi ! Que voulez-vous ?

— Remettre une lettre à Monsieur.

Le gamin tendait à son interlocuteur un pli cacheté. Le Jeune homme l’ayant pris, le groom tourna sur ses talons et s’éloigna avec l’insouciance d’un employé qui s’est acquitté de sa tâche.

Rompre le cachet, déplier le papier, fut pour Tibérade l’affaire d’une seconde.

Mais à peine eut-il parcouru d’un coup d’œil les