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Une fois encore, le visage de Véronique reparut par une vitre abaissée.

— Combien d’arrêt ? demanda-t-elle.

— Vingt minutes.

— Alors nous aurons le temps de descendre, si l’on veut bien prêter un pantalon à Monsieur.

La clientèle des trains de luxe est riche et généreuse. Un employé se précipita, et revint bientôt avec une « toile bleue » d’uniforme qu’il tendait à la jeune fille.

Celle-ci le prit, laissa tomber une bourse dans la main de l’homme et elle disparut. La glace fut remontée.

Évidemment, le général allait revêtir, toilette inattendue, le pantalon d’un homme d’équipe du chemin de fer.

Il descendrait dans un instant.

Tranquillisés de ce côté, Emmie et Tibérade se dirigèrent vers la sortie. Comme ils allaient l’atteindre, la fillette tira brusquement son cousin par la manche :

— Regarde ce voyageur en costume vert, là, devant nous, murmura-t-elle, d’une voix à peine perceptible.

— Je le regarde. Après ?

— Eh bien ! C’est lui !

— Lui ? Qui, lui ?

— L’homme de cette huit ; le voleur du pauvre général… Si, si, je le reconnais, je te dis.

L’homme tourna les yeux de leur côté.

Vite, Marcel entraîna sa petite cousine qui résistait vainement.

— Voyons, nous ne pouvons le faire arrêter, nous.

— Pourquoi donc ?

— Parce que ce serait avouer notre accord avec le général Uko.

— C’est vrai, au fait !

Puis, avec sa mobilité habituelle d’impression, la fillette prononça, toute sa gaîté revenue :

— Après tout, c’est un voleur volé. Le vrai pantalon, celui qu’il cherche, devant son nez, passe dans ta valise.