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jouer un tour sans aucun doute. On l’a débarrassé de tous ses pantalons.

— Comment ?…

— Il dormait comme tout le monde, n’est-ce pas ; le dis tout le monde, en exceptant celui qui a subtilisé les objets.

— Hein ? murmura Emmie. Ce fut un éclair de génie que de te confier le pantalon du pari.

— Tu penses que c’est là un nouveau coup de son adversaire ?

— Naturellement.

Puis, soudain, la lumière se faisant en son cerveau, la fillette reprit :

— Oh ! mais j’ai été stupide !

— Pourquoi stupide ?

— J’aurais pu faire arrêter le voleur.

— Toi ?

— Moi en personne, car je l’ai vu cette nuit, comme je te vois en ce moment.

— Dans ton compartiment ?

— Eh ! non… Dans le couloir.

— Ah çà ! que me chantes-tu ?… Tu étais dans le couloir, cette nuit ?

— Mais oui, une promenade de santé entre deux sommes. Or, arrivée près du compartiment du général, j’en ai vu sortir un homme qui n’était pas le général, et qui m’a paru grand, sec, le visage rasé. Et ce gaillard portait sur le bras des choses en étoffe, les vêtements disparus probablement.

Tout en parlant, les cousins étaient parvenus à se faufiler devant la portière, où le général Uko se démenait comiquement, menaçait, tempêtait, réclamait ses vêtements, apostrophait les employés, le chef de gare, accourus, sans s’apercevoir qu’il se montrait dans une tenue incorrecte au suprême degré ! Le digne Japonais était en caleçon.

Près de lui, Sika, désolée du bruit et de la situation ridicule de son père, la pseudo-Véronique, bouleversée d’apparence, s’efforçaient à le calmer.

Elles finirent sans doute par lui faire entendre raison, car la portière se referma, cachant les voyageurs aux badauds.