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lampe de son voile. Uko, allongé sur le lit-couchette, ne fit pas un mouvement. Il s’était dévêtu et ronflait religieusement sous sa couverture.

— J’enlève tous ses pantalons, se confia l’agent avec un sourire. Je choisirai le bon dans mon compartiment, où je serai plus tranquille.

Dans le wagon-lit venant immédiatement après celui où l’agent se livrait à cette perquisition domiciliaire, Tibérade et Emmie occupaient deux compartiments disposés comme ceux des Japonais.

Ils avaient soupé au wagon-restaurant. Ensuite ; ils avaient quelque peu causé de leur nouvelle et bizarre situation, du général, de Sika, qu’ils avaient entrevus au départ à la gare de Lyon, bien qu’ils eussent feint de ne pas les connaître.

Ce sujet épuisé, tous deux, avaient ressenti la fatigue d’une journée si fertile en péripéties, et avaient réintégré leurs compartiments respectifs, avec un plaisir mêle de fierté ; car, pour la première fois de leur vie, ils voyageaient dans une de ces voitures luxueuses, que la Compagnie des Wagons-Lits met à la disposition des riches clients des trains de luxe.

Deux cabines, séparées par une cloison, percée d’une porte de communication, leur étaient affectées. Ces compartiments, que l’on peut à volonté réunir ou rendre indépendants, avaient chacun sortie sur le couloir.

Les cousins se donnèrent le bonsoir, fermèrent la communication et s’étendirent sur les couchettes qui permettent de dormir dans le train rapide aussi commodément que dans son logis.

On avait quitté Paris à neuf heures vingt. Vers une heure et demie, Emmie se réveilla.

Était-ce le mouvement du wagon, ou l’énervement consécutif de la journée ? la fillette ne trancha pas la question.

Elle se déclara simplement qu’elle ne se sentait aucune velléité de reprendre son somme.

Oui, mais que faire ?

À ce moment de la nuit, elle ne pouvait songer à imposer à son cousin l’ennui de la conversation.