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celui où dormaient profondément les Japonais, un homme sortit d’un compartiment.

— Heureusement, je suis seul, maugréa-t-il. Des compagnons auraient gêné mes mouvements.

Sous la clarté vague des ampoules du couloir, vêtues de leurs « veilleuses » de bure, les traits caractérisés de Célestin Midoulet se précisèrent.

Il s’étira, en homme engourdi par une longue immobilité, puis à mi-voix :

— Passons-nous des renseignements de cette satanée Véronique. Pauvre fille, ça ne connaît pas les premiers principes d’une filature.

Et, avec un haussement d’épaules, une dédaigneuse indulgence :

— Après tout, on ne saurait exiger qu’elle possède toutes les vertus. Elle est gentille, douce, disciplinée… Voilà déjà trois vertus que je qualifierais presque de théologales.

Il eut un sourire :

— Eh ! Eh ! Je m’occupe beaucoup des charmes périssables de cette jeune fille. Midoulet, mon ami, n’oublions pas que c’est l’agent du service des renseignements qui doit opérer.

Son attitude se modifia brusquement ; d’un pas nonchalant, il se dirigea vers le « soufflet », faisant communiquer sa voiture avec le wagon-lit suivant.

Un instant après, il était debout devant la porte que Véronique lui avait désignée comme celle du général Uko.

Il s’adossa à la cloison, semblant se perdre dans la contemplation de la nuit, à travers laquelle le train perçait sa route. De temps à autre, le bruit du convoi en marche s’amplifiait soudain, grossi par la répercussion des bâtiments d’une gare que l’on franchissait en éclair.

Des lumières brillaient au passage, et puis, de nouveau c’étaient les ténèbres.

Certes, le paysage ne justifiait pas l’intérêt que l’agent paraissait lui prêter ; mais un observateur attentif, s’il s’en était trouvé à proximité, eût bientôt discerné l’occupation réelle de Midoulet.