— Énormément, par esprit de justice, du reste.
Le jeune homme regarda la fillette avec stupeur. Elle avait détaché les syllabes, de façon telle que la valeur en semblait doublée.
— D’où te vient cette sympathie subite ? Interrogea-t-il avec le pressentiment d’un fait nouveau.
— De mon amour pour la justice, je te le répète.
Et lui, la considérant d’un air ahuri, elle continua :
— Le mikado ne fut pas l’auteur du libellé qui vous a si fort impressionnés.
— Il ne fut pas ? Et qui donc, alors ?
Emmie baissa modestement les yeux :
— Moi… qui ai remplacé la ceinture primitive de soie noire par une autre, et qui ai tracé, au moyen d’une solution de suc d’oignons et de calcaire, l’inscription sympathique que le vinaigre et la chaleur combinés devaient révéler.
Marcel eut un cri.
— Où as-tu appris cela ?
— Dans la conversation que nous eûmes à Tamatave, tous les deux.
— Je l’avais oubliée, s’exclama le jeune homme. Ô enfants, enfants, les voilà bien pour vous, les bienfaits de l’instruction !…
Peut-être eût-il continué sur ce ton. Sa Jeune interlocutrice ne lui en laissa pas le temps.
— Il en naît d’autres bienfaits, déclara-t-elle gravement, tu devrais le reconnaître, sans que je sois astreinte à réveiller ta gratitude endormie !
Et, comptant sur ses doigts :
— Primo : cela écarte toute inquiétude pour le protectorat français à Madagascar. Donc, la patrie a été bien servie. Secundo : le général n’y comprendra jamais rien, car, rentrant à Paris, il apprendra que son souverain le tient pour traître et que l’air du Japon lui serait tout à fait malsain désormais.
— Ah oui ! Pauvre général. Là-bas, on l’inviterait sans doute à accomplir l’harakiri, c’est-à-dire à s’ouvrir la poitrine avec son sabre.
— Juste ! Donc, il restera dans notre vieux Paris, et notre chère Sika avec lui. Enfin, tertio, dernier bienfait, le plus grand de tous : mon brave cousin Marcel a été bon Français, il a vaincu les diplo-