Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/436

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pourquoi Emmie a-t-elle fui avec la missive bizarre ? Pourquoi a-t-elle disparu avec Uko ?

Il lui semble bien qu’un éclair ironique passe dans les grands yeux noirs de Sika, toutes les fois que les agents, que lui-même, abordent ce sujet ; mais à toutes les questions, la jeune fille s’est bornée à répondre :

— Je ne sais rien. Un billet laconique de mon père m’a avisé qu’il s’absentait pour le service du mikado. Il m’enjoignait en même temps de me rendre à Tananarive, où il me rejoindrait, le jour de la cérémonie du Bain de la reine.

Ainsi, les cinq voyageurs ont gagné la capitale Hova, et maintenant ils attendent avec une anxiété non dissimulée.

Mais des clameurs assourdissantes s’élèvent de toutes parts.

La vasque du bain commence à s’emplir d’eau. Les hérauts, chargés de l’aspersion de la foule, se montrent auprès de la cavité, revêtus de leur uniforme rouge et or.

L’heure attendue sonne.

À l’aide de larges spatules de bois, les fonctionnaires projettent au loin des gerbes liquides, qui semblent, sous le soleil, des fusées de diamants.

Le peuple se prosterne, rampant sur le sol pour recevoir au passage quelques gouttes de la rosée annonciatrice des bonheurs futurs.

C’est une folie ; c’est un délire !

Une poussée irrésistible se produit.

Marcel, Sika, Midoulet, Lydia, Pierre, sont bousculés, repoussés en arrière. Ils sortent d’ailleurs volontiers de la cohue frénétique.

Et comme ils se sont arrêtés à quelque distance des fanatiques hurlant, se frappant, s’écrasant, ils ont un cri de surprise.

À vingt pas, descendant la route en gradins, qui relie le palais royal au fond de la vallée, ils ont reconnu le général Uko, avec, auprès de lui, l’espiègle Emmie.

Sombre, apparaît le Japonais. Ses sourcils froncés, son visage strié de rides, disent la colère, la honte, les réflexions pénibles.

Sa Jeune compagne porte la même expression sur