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— L’instant d’embarquer est venu.

C’était vrai. L’officier avait mission d’inviter les passagers à descendre dans le canot qui venait d’être mis à la mer.

Tous obéirent de bonne grâce.

Après tout, ils auraient licence de se voir à terre, et pourraient adopter le modus vivendi qui leur conviendrait.

Exempts d’inquiétude, ils se laissaient bercer par le mouvement de la chaloupe, escaladant les houles, sous l’impulsion cadencée des rameurs.

Les constructions de Tamatave se précisaient. Les longs hangars des docks bordant le bassin, et, en arrière, les dominant, les clochers de l’église catholique et du temple protestant, le belvédère du palais du gouverneur, semblaient regarder curieusement de leurs fenêtres sombres ce qui se passait en haute mer.

— Nous accosterons à l’échelle. Pas assez d’eau pour atteindre le débarcadère. Il faudrait descendre dans la vase.

Ceci est annoncé par le lieutenant assis à l’arrière du canot.

En effet, l’embarcation vient stopper au long de l’estacade, au pied d’une échelle de fer fixée dans les pilotis goudronnés.

Très aimables, ravis d’apparence de toucher au port, Midoulet, Lydia, Pierre s’empressent.

Ils aident Uko à commencer son ascension. Puis ils invitent Tibérade à suivre le mouvement.

— Une fois en haut, disent-ils, vous serez à même de recevoir ces demoiselles et de leur faciliter l’accès du plancher de l’estacade. Vous le voyez, nous ne vous refusons aucun plaisir.

Combien l’accent des espions est gouailleur.

Mais Marcel ne le discerne pas.

Il juge qu’ils ont raison. Il se précipite, escaladant les échelons avec la prestesse d’un marin. Brusquement il a un cri.

Midoulet a une canne à épée à la main. Il a tiré la lame de son fourreau, et d’un coup fouetté, il a promené la pointe sur le fond de l’inexpressible de Tibérade.

L’acier tranchant détermine une catastrophe.

Un craquement prolongé se fait entendre.