taine Asaki ; mais dans leur situation, et surtout après l’aventure de la Tour Carrée, qui avait dû faire quelque bruit à Aden, ils ne pouvaient considérer les relations avec le pavillon anglais que comme une chose à éviter.
Au surplus, le but du navire de guerre se précisa bientôt.
La mer d’Oman s’était élargie ; ses rives n’étaient plus perceptibles. Le croiseur se couronna de fumée, se rapprocha rapidement grâce à sa marche supérieure, et d’un coup de canon à blanc intima au steamer japonais l’ordre de stopper.
Résister apparaissait impossible. Fuir, impossible également.
Il fallut se résigner à obéir.
Un quart d’heure plus tard, un canot accostait le bâtiment de commerce.
Un lieutenant de vaisseau montait sur le pont, et saluant les passagers avec la raideur correcte des Anglais.
— Général Uko ? prononça-t-il.
— C’est moi, répliqua l’interpellé en s’avançant.
— Bien. En ce cas, votre compagnon est sans nul doute M. Marcel Tibérade ; quant à ces misses, elles doivent porter les délectables noms de miss Sika et de miss Emmie.
— Cela est exact. Mais à quoi tend cet interrogatoire qui m’apparaît à tout le moins intempestif ?
— À éviter toute erreur, général.
— Une erreur ?
— Sur la qualité des personnes que je suis chargé de transférer à bord du Dunlovan, croiseur protégé de première classe, avec leurs colis et bagages.
Tous sursautèrent.
— Nous transborder ainsi ! Quel motif !…
L’officier anglais marqua un geste d’ignorance indifférente.
— Je ne sais pas. Mon commandant m’a donné un ordre ; je l’exécute. Je ne regarde pas plus loin.
Cette fois, Uko pâlit. Le danger se précisait. Il tenta de résister, et avec hauteur :
— Moi, monsieur, je ne suis pas le subordonné de votre commandant ; aussi je ne me déplacerai que sur explications suffisantes.