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lourde faute fendait sa conscience si maniable. Heureusement, il se rappela à temps qu’il avait ouvert l’entretien par cette affirmation : « Je sais tout. » Il fallait avoir l’air de ne rien ignorer, sous peine de perdre son prestige.

Il se dirigea donc vers la porte de communication, ouverte par lui une demi-heure plus tôt, adressa un dernier geste impératif à Véronique, qui le suivait obséquieusement, puis rentra dans la chambre 106 dont il referma la communication.

Et, séparés par le panneau de bois, les deux personnages s’abandonnèrent aux douceurs du monologue.

Celui de Midoulet aboutit, à cette conclusion :

— Ce satané Japonais pourrait m’échapper en route. Ici, ma filature est plus commode que partout ailleurs. Il faut donc l’empêcher de quitter Paris et le contraindre à reprendre ce damné vêtement qu’il a si malignement mis hors d’atteinte.

Pierre, de son côté, gémissait :

— Me voilà à présent avec deux maîtres, qui ne me semblent pas du tout amis. Je vais trahir Mlle Sika, qui a été si bonne pour moi.

« Cela m’attriste, et cependant je ne saurais faire autrement.

Dans son émoi, la camériste quitta la chambre 105 dans laquelle elle modulait ces réflexions, passa dans la salle 104 et ouvrit la porte du numéro 103, sans réfléchir, traversant l’appartement des Japonais en un mouvement de fuite.

Il y a de ces gestes irraisonnés que guide un instinct obscur.

Le philosophe explique ces choses inexplicables, en termes incompréhensibles ; c’est là le caractère admirable de la philosophie. En réalité, on ne sait à quoi attribuer certaines manifestations impulsives. Il faut se borner à les constater.

Pierre obéissait à une impulsion.

Or, sur le seuil de la chambre 103, il s’arrêta avec une clameur d’étonnement.

La salle qui logiquement devait être vide, était occupée par une jeune dame blonde, au teint rosé, élé-