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— En effet.

— En ce cas, les Anglais, à leur poste de la Tour Carrée, ont surpris la communication.

Le visage du Japonais se plissa de mille rides. L’homme riait.

— Non, non, général.

— Comment as-tu donc reçu le télégramme ?

— Par mon sans fil personnel.

Sika ne put se tenir de s’écrier :

— Cela n’empêche pas le télégraphe britannique de capter un message projeté en cercle.

— Si, jeune fille. J’ai deux récepteurs, l’un accordé avec les appareils anglais. Ainsi, je suis tenu au courant de toutes les conversations électriques. Mon second récepteur est accordé, lui, avec nos postes secrets, dont les oscillations n’impressionnent que nos appareils !

— Ah ! Et tes Anglais te permettent…

— On ne défend pas ce que l’on ignore.

— Cependant on ne saurait dissimuler une antenne de sans fil.

Plus encore se plissa le visage du Japonais.

— Il paraît que si, jolie fleur dorée de rêve. Écoute, mes récepteurs sont enfoncés sous le sol de mon jardin, dans un caveau que j’ai creusé seul et qui reste ignoré de tous. L’antenne est le tronc d’un cocotier que j’ai agencé à cet effet. Qui donc parmi les barbares d’occident supposerait que son panache de feuilles me parle sans cesse de la patrie absente.

Mais coupant court à ses explications :

— Veuillez entrer dans la maison de Mou-Tsu. Elle sera vôtre aujourd’hui. Le soir venu, je vous conduirai au bateau que j’aurai loué pour vous. Ainsi les Anglais ignoreront votre présence dans ce pays qu’ils occupent par surprise.

Cinq minutes plus tard, tous étaient en sûreté dans la demeure de cet allié, rencontré si à propos.

Du reste, Mou-Tsu tint sa promesse. Et le soir, vers la onzième heure, alors que la population d’Aden se livrait aux douceurs du repos, un petit steamer de deux cents tonneaux quitta mystérieusement le port.

Il avait à son bord le général Uko et ses compagnons. Il allait gagner le golfe Persique, pour rallier