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La partie la plus périlleuse du trajet allait commencer.

Jusque-là ils avaient progressé dans la campagne. À présent, ils déambuleraient dans la petite ville agitée, populeuse, dont les vingt-cinq mille habitants sont serrés dans un espace resserré.

Chaque pas serait un péril ; de chaque porte pourrait jaillir un adversaire.

Prisonniers échappés à des agents anglais, la force des circonstances les obligeait à pérégriner à travers l’agglomération anglaise.

Et comme ils restaient là, immobilisés par une dernière hésitation, la blonde Sika murmura :

— Mon père, voyez donc cet homme. On dirait un de nos compatriotes.

— Un Japonais ?

— Oui. Le voyez-vous, assis sur le banc de pierre avoisinant l’entrée de la maison aux jalousies roses.

Tous dirigèrent leurs yeux du côté indiqué.

La Japonaise aux cheveux d’or avait bien vu. Un petit homme, dont la face large, les yeux obliques, le teint safrané, indiquaient clairement la race, se tenait assis en un costume de flanelle claire de coupe européenne.

Ses prunelles noires ne quittaient pas les voyageurs.

— Un Japonais, murmura l’ambassadeur extraordinaire, il nous aidera.

Et sans hésiter, avec cette confiance que tout sujet du Mikado sait pouvoir montrer à ses compatriotes, il s’avança vers l’inconnu.

À son approche, celui-ci s’était levé.

— Jap ? (contraction de japanèse, japonais en anglais), fit-il d’un ton interrogateur.

— Oui, toi aussi.

— Moi aussi. Que désires-tu de ton frère du Soleil-Levant ?

— Qu’il agisse comme ne saurait le faire un fugitif tremblant d’être découvert.

L’homme hocha la tête doucement.

— Que veut le fugitif ?

— Le moyen de s’embarquer avec ses amis et de fuir Aden.

— Cela sera.