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gagea sur un lacet dont le tracé jaunâtre tranchait sur la teinte émeraude de la pente.

— Vous voyez, fit-elle après un instant. Nous aboutirons entre les deux maisons aux toitures bleues…

— Cela parait te faire plaisir, cousine, murmura Tibérade.

— Certes.

— Tu n’es pas difficile.

— Tu te trompes, cousin Marcel. Si tu prêtais un peu d’attention au paysage, tu te rendrais compte que, du point en question, se détache une rue aboutissant en ligne droite au port.

— C’est ma foi vrai.

— Et comme nous avons précisément affaire au quartier des bateaux, je suis aise d’y arriver sans détours inutiles.

La petite avait raison. Grâce à leur situation élevée, ils pouvaient étudier la configuration de la ville, attendant à leurs pieds ainsi qu’un plan topographique.

Il en résultait pour eux un avantage appréciable. À travers l’agglomération inconnue d’eux, ils se dirigeraient avec la certitude d’habitants d’Aden.

Or, l’assurance est encore le meilleur moyen de passer inaperçu. Rien n’attire les soupçons comme la qualité d’étranger. Demander son chemin aux passants confère de suite cette qualité désastreuse.

Tout cela, exprimé rapidement par Marcel, rendit un certain courage aux fugitifs.

Leur marche se fit plus assurée. Leur allure inquiète se raffermit. Désormais, les autorités pourraient les croiser. Elles ne soupçonneraient pas en eux des gens très désireux de se cacher.

L’un après l’autre, les méandres du lacet demeuraient en arrière. À mesure que les amis d’Emmie descendaient dans ses traces, le panorama se resserrait.

Puis des buissons, des arbres bordèrent la route, arrêtant la vue, et soudain, la fillette s’arrêta après un dernier détour.

À vingt pas d’elle s’ouvrait la rue dont elle avait relevé le parcours du sommet de la hauteur.

Sika, son père, puis Tibérade la rejoignirent.