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ployées, et d’un tour de clef les réunit aux premiers prisonniers.

Puis, sans s’inquiéter des clameurs furieuses que, nonobstant la clôture épaisse, les voix aiguës de ses victimes amenaient jusqu’à ses oreilles, la cousine de Marcel grimpa l’échelle avec la prestesse d’un écureuil, bondit dans la salle du rez-de-chaussée où l’attendaient ses compagnons, et leur cria en s’abandonnant à une gaieté justifiée :

— Elles sont sous clef, nous voici maîtres du logis. Nous pourrons dormir tranquilles…

— Dormir, se récrièrent-ils tous ? Si l’on vient du dehors ; si l’on nous surprend.

— C’est une chance à courir, repartit la courageuse créature. D’ailleurs, nous n’avons rien d’autre à faire. La nuit est venue ; un brouillard à couper au couteau couvre la terre. Impossible, dans ces conditions et dans une campagne inconnue, de nous diriger vers Aden. Est-ce vrai ?

— Sans doute. Mais…

— Mais la nuit, nous ne trouverons pas à louer une embarcation et nous nous ferons pincer comme vagabonds.

Et narquoise, semblant prendre plaisir à plaisanter l’érudition de Tibérade :

— Le penseur Shaw a dit en anglais : « Si l’on est attendu le lendemain, à deux milles de chez soi, inutile de partir la veille. » Ce que notre La Fontaine a exprimé par : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » Donc, cousin, dînons et dormons si nos nerfs nous le permettent.

Elle parlait selon la sagesse. On lui obéit. Seulement la nuit parut interminable à tous.

Le sans fil grelottait de temps à autre, indiquant ainsi des communications répétées.

Chaque fois, Tibérade, le général, Sika, Emmie elle-même, sursautaient.

Qui télégraphiait ? Qui lançait dans l’espace les ondes électriques dont l’appareil signalait l’arrivée ?

Aucun des hôtes de la Tour Carrée n’était en état de le reconnaître. Les signes inscrits sur la bande du récepteur demeuraient indéchiffrables.

Mais une inquiétude pesait sur tous.