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meurer à bord. Pour lui, il se fit apporter le manuel des signes télégraphiques du sans fil britannique, le remit aux télégraphistes apostés près du grand mât, utilisé comme antenne de communication, avec cet ordre :

— Établir le récepteur 23, réglé sur les appareils similaires anglais. De la sorte, nous capterons les dépêches expédiées par les postes saxons de la région, et peut-être obtiendrons-nous quelques renseignements sur notre valeureux ambassadeur.

Ce trait montre à quel luxe de précautions se livrent les fils de l’empire du Soleil-Levant, et aussi comment ils savent employer les manœuvres de guerre dans les périodes et sur les engins les plus pacifiques.

Or, tandis qu’en rade de Karta, l’on s’occupait ainsi du général et de ses compagnons, Uko, de son côté, cherchait vainement à coordonner l’ensemble de circonstances qui l’avaient amené à être prisonnier sur un aéroplane voguant à deux mille mètres du sol.

Prisonnier, oui, il l’était. Et avec lui Sika, Marcel, Emmie, tout aussi surpris que lui-même de cette soudaine évolution de la fortune.

Que s’était-il donc passé ? Oh ! la chose à la fois la plus simple et la plus inattendue.

À peine Midoulet s’était-il éloigné pour aller prendre la lettre mystificatrice préparée par Lydia, que le consul général esquissa de la main un signe qui se pourrait traduire par ces mots :

— Quand il vous plaira.

Aussitôt Mlle Tabriz, qui se cachait sous le costume du pilote, avait actionné le moteur.

Ce dernier ronfla. L’appareil se mit à courir sur le sol plan, puis ses roues cessèrent de porter. Suivant un plan incliné, il s’éleva rapidement dans l’air. Et la petite Parisienne, exprimant la pensée de tous les passagers, clama joyeusement :

— De l’aviation et plus de Midoulet, quelle heureuse journée !

Le pilote ne tourna pas la tête. Son collègue, toujours assis de façon à faire face aux voyageurs, ne parut même pas entendre.